Discours
prononcé par M. Lucien Célestin MINKA
après
son élection à la Présidence du BANS.
Monsieur le Préfet du Nyong-et-Kellé,
Honorables Députés à l’Assemblée Nationale,
Autorités traditionnelles et religieuses,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Je tiens tout d’abord à remercier Maître
Etienne Gérard KACK KACK, ancien Président National du BANS, actuellement
Conseiller Spécial, qui a su rassembler les Ndog-Sul pour les assises du
présent Congrès Extraordinaire, après la disparition de notre illustre
Président National Augustin Frédéric KODOCK, de regretté mémoire.
Je vous dis merci, vous mes frères, Présidents
des grandes familles amies qui êtes venus nous soutenir et nous encourager dans
cette exaltante et noble mission qui est l’organisation de nos familles.
A vous congressistes,
Jeunes Ndog-Sul
Femmes Ndog-Sul et tous les Ndog-Sul venus des
différents coins, je vous dis merci pour l’attitude responsable dont vous avez
fait montre tout au long de nos travaux.
Mon sentiment en ce moment où je prends la
Présidence Nationale du BANS, est un mélange d’angoisse et de volonté, de
tristesse et de détermination.
Car être appelé à conduire une grande famille Bassa,
n’est pas chose aisée. Et lorsqu’il s’agit en plus des Ndog Sul – la plus
grande famille bassa organisée – la tâche devient immense.
Vous avez à faire à toutes les couches de la société
camerounaises, dont 70% représentent des couches vulnérables chez les Ndog-sul.
70% des Ndog-Sul dont l’orientation reste encore
difficile malgré les 64 années du BANS.
Quelle angoisse !
Pourtant, ce n’est pas la volonté qui a manqué pendant
que les différents Présidents se succédaient. Des efforts ont été faits, mais
sans véritablement apporter un bouleversement dans les mentalités.
J’appelle aujourd’hui les autres 30% des Ndog-Sul à
faire bloc pour soutenir nos villages qui continuent à sombrer dans la misère.
Ne restez jamais passifs devant une catastrophe.
Devant une catastrophe, vous n’avez qu’une chose à
faire, c’est aider, c’est secourir.
Vous pensez rester indifférents ou vous enfuir,
laissant les autres dans le malheur, la catastrophe vous rattrape.
Le malheur n’est pas l’affaire des autres. Tout le
monde a besoin du mieux-être.
J’accepte prendre la présidence de BANS pour
rassembler toutes les filles et tous les fils Ndog Sul même ceux qui se seront
mis en marge, quelle que fût la raison. Nous ne sommes pas un parti politique
que l’on peut quitter à volonté pour rejoindre un autre. Vous êtes tous des
Ndog Sul et cela ne peut être autrement, nous avons besoin de vous tous pour
l’immense tâche de développement qui est la nôtre.
Je suis un farouche ennemi de l’inaction, de la
morosité, de la sinistrose et du fatalisme car, quand on compte sur le pire on
y participe ; quand on compte sur le mieux on y contribue.
Je vous invite donc mes chers frères et sœurs à contribuer
pour tendre vers le mieux.
Tendre vers le mieux c’est faire des progrès tous les
jours ; c’est avancer tous les jours ; c’est poser des actions
constructives tous les jours ; c’est faire un pas de plus tous les jours
sur le chemin du progrès.
Nous cheminerons avec ceux qui sont prêts, ceux qui
savent qu’il faut avancer tous les jours. Nous serons probablement rejoints sur
ce chemin du progrès, par ceux qui auront eu la volonté par la suite.
Nous
n’accepterons ni être retardés dans notre avancée, ni être freinés par ceux qui
auront choisi la paresse, l’oisiveté, l’alcoolisme et la toxicomanie.
Par contre, nous leur mènerons une guerre sans merci,
avec l’appui des forces de l’ordre.
Comment expliquer que certains de nos enfants dorment
encore affamés ; comment expliquer que certains de nos enfants ne peuvent
pas aller à l’école et bénéficier de l’instruction qui ouvre les portes de la
vie ; comment expliquer que certains de nos frères et sœurs déambulent à
longueur de journées dans nos villes, alors qu’ils ont abandonné leurs terres
coutumières qui ne demandent qu’à être exploitées ; comment expliquer que
dans nos villages, certains de nos
frères et sœurs passent le plus clair de leur temps assis à la véranda des bars
à la quête d’une hypothétique bière ; comment expliquer que certains de
nos pères et mères ont pris pour activité principale, la pratique de la
sorcellerie, de l’envoûtement, de l’empoisonnement, de la destruction des
cultures, et ceci en y entraînant de jeunes enfants.
Il faut que tout cela cesse. Nous en avons les moyens
si nous nous mettons ensemble.
Nous avancerons vers le haut mais, tout en sachant
traiter les problèmes d’ici-bas.
Nous sommes conscients des difficultés inhérentes à la
vie de nos populations villageoises:
-
Le manque
d’eau potable
-
L’absence
des pistes de collecte
-
Le manque
de formations sanitaires
-
Le manque
de salles de classes
-
L’absence
d’électrification rurale, et j’en passe.
Avec notre détermination à tous, frères et sœurs, et
l’appui des pouvoirs publics, nous arriverons à bout de ces calamités.
Dans les douze mois à venir, chaque village Ndog-Sul
devra compter au moins deux forages d’eau potable, dont un au niveau de l’école
publique. Une commission sera mise sur pied au courant de la semaine prochaine
pour l’évaluation et la réalisation de ce projet.
Pour ceux qui voudront travailler, nous leur
apprendrons à avoir de l’argent. Je dis bien à avoir et non à chercher. Car il
est facile de passer toute une vie à chercher sans jamais avoir.
Nous nous organiserons en groupes de travail pour
cultiver nos terres. Pour cela, nous irons prendre l’argent auprès des
organismes étatiques, para étatiques et même privés qui attendent voir notre
capacité d’organisation pour nous octroyer ces importantes sommes d’argent qui
nous sont destinées.
Travailler nos terres est notre seule porte de sortie
de la misère, et nous devons vite faire, car au dessus de nos têtes planent des
vautours qui s’accapareront de tout espace non exploité.
Des vastes
exploitations conduiront inéluctablement à la construction des routes et des
pistes de collectes. A la construction de nouvelles salles de classes, à
l’électrification rurale et à l’amélioration des conditions sanitaires.
Nous sommes des êtres humains et avons dépassé l’étape
de la vie animale qui se limite à la satisfaction des besoins élémentaires qui
sont manger et dormir. Nous devons travailler pour notre bien être, nous devons
améliorer nos conditions de vie et bâtir un monde meilleur pour les générations
à venir. C’est notre mission sur cette terre, mission qui nous demande à
travailler continuellement.
Nous avons commencé la création il ya quelques années
d’une coopérative financière qui compte quelques dizaines de millions de francs
CFA aujourd’hui. Nous allons finaliser cette création et commencer à mettre de
l’argent à la disposition des membres pour le préfinancement de leurs travaux.
Toutefois, nous attirons votre attention pour que vous sachiez que l’argent n’est pas
une fin en soi, mais un moyen pour atteindre un idéal.
Si vous n’avez pas de projet bien mûri, l’argent ne
vous servira à rien. Nous vous invitons en conséquence dès maintenant à
commencer à élaborer votre projet.
Nous avons invité certaines familles Bassa à se
joindre à nous, pour les présents travaux. Nous qui nous ont agréablement
surpris dans leurs discours respectifs centrés sur l’union. Nous les prions à
prendre une part active dans nos réflexions et ne pas hésiter à se joindre à
nous pour plus de dynamisme et de crédit. Il n’y a pas de vrai bonheur à être
heureux tout seul. Il est temps que nous apprenions à fédérer nos forces, à
travailler ensemble pour plus d’efficacité. Pour le bien de nos peuples,
mettons nos intelligences ensemble, mettons nos moyens ensemble, mettons nos
forces ensemble ; l’individualisme n’est plus d’actualité dans ce monde de
globalisation.
Chers Présidents des familles amies. Les Ndog-Sul ont
créé leur association en 1948 dans le but de se connaître et de s’entraider.
Plusieurs années plus tard, vous nous y avez rejoints. Nous croyons sincèrement
qu’il est temps que nous passions à un stade plus dynamique qui tranche net des
longs et beaux discours, des chèvres et des gros mets de concombre.
Aujourd’hui, nous vous tendons la main. Rejoignez nous et ensemble cheminons
vers la prospérité.
La prospérité doit être organisée, suivie et quantifiée.
Dès aujourd’hui, mettons une organisation ensemble, suivons la, et mesurons-en
les résultats tous les ans. Nous parlions tantôt de 30% des Ndog-sul qui sont
relativement nantis, mais mélangés au reste, leur prospérité est à peine
visible. Il en est de même pour vous et pour toutes nos autres grandes familles.
Dans quelques jours, nous allons entreprendre des
tournées pour visiter chacune de nos sections, chacun de nos villages. A
chacune des étapes, nous exigerons la présentation d’une réalisation phare en
prélude de toutes assises.
En adoptant tous le même mode opératoire, nous aurons engagé
la vraie lutte contre la pauvreté dans les familles BASSA.
DU HAUT DU MONT MALABO
DES ENTRAILLES DE NGOG-LITUBA
DE L’ECORCE DE NOS FRONTIERES
Je lance un vibrant appel à toutes nos grandes
familles BASSA à s’unir pour un développement réel.
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